Pharmapro.fr a eu la chance d’interviewer le Dr Lalanne Aroune, titulaire à la Grande Pharmacie du Centre, à Savigny-le-Temple (77) . Il nous parle de son parcours, nous explique le rôle clé que joue le pharmacien en étant proche et accessible pour les patients et nous donne son avis sur les différents aspects du métier.
Pharmapro.fr – Pourquoi avez-vous choisi de faire des études de pharmacie ?
En toute franchise, çà n’a jamais été un rêve ! J’ai échoué au concours de médecine, mes résultats me permettaient de passer directement en deuxième année licence science de la vie. Le second semestre s’est passé dans la faculté de pharmacie PARIS 5. Les professeurs que j’ai eus étaient les mêmes que ceux des étudiants en pharmacie et, au vu de mes notes, m’ont suggéré en fin d’année de tenter le concours de pharmacie. Leur principal argument était que je perdrais mon temps dans la filière en question et que ça serait dommage de me limiter professionnellement.
Avez-vous trouvé les études de pharmacie difficiles ?
Je pense que sur un plan global, il y a beaucoup de lacunes et qui ont des répercussions sur notre activité professionnelle dès le lendemain de l’obtention de notre diplôme. En 6 ans, on voit trop de choses qui ne sont pas en rapport avec les problématiques constatées au comptoir. Par exemple, je ne suis pas sûr qu’avoir appris par cœur la carte identité d’une bactérie me serve à quelque chose aujourd’hui. Alors que savoir manager, savoir acheter (économie), connaitre les règles de dispensation de la sécurité sociale (éviter les pièges quand les ordonnances sont mal faites ou que le médecin n’a pas le droit de prescrire, détecter les abus, les fraudes, les fausses ordonnances…), faire de la psychologie vis à vis du patient auraient été important plutôt que survoler pleins de notions scientifiques sans profondeur et qu’au bout de 15 ans, je n’ai rien retenu.
Si on lit des articles récents du Figaro, on se rend compte qu’il y a un manque d’étudiants en pharmacie pour renouveler le personnel des environ 20’000 pharmacies de France. Comment rendre, selon vous, la profession plus attractive ?
Il faudrait donner (et c’est la tendance) plus de fonctions en termes de « service public de santé ». Cela va valoriser notre métier et reconnaitre ce que l’on constate tous les jours au comptoir. La pharmacie est centrale de fait dans la vie du patient vis-à-vis de ses pathologies et de son traitement. Je veux dire un patient a terminé son traitement hier, il fait quoi ? Il vient limite les mains dans les poches à ma pharmacie pour que je lui avance son traitement, jamais il ne va voir son médecin en premier lieu pour qu’il lui fasse une ordonnance d’urgence ou qu’il lui avance son rendez-vous. C’est la même chose pour les résultats d’analyse, ce ne n’est pas notre rôle, mais nous avons quelques notions. Les patients viennent souvent nous voir pour qu’on les rassure en leur disant qu’il y a quelque chose de grave dans leurs résultats. Je dirai que la réalité fait que le pharmacien est central de fait et qu’il faut le rendre plus officiel en lui confiant des tâches que médecins, infirmiers n’ont plus de temps à y consacrer, mais ne veulent pas céder à la pharmacie au détriment du patient pour un problème d’ego.
Qu’est-ce qui fait sens dans le métier de pharmacien ? Qu’est-ce qui vous motive dans cette profession ?
La capacité de s’adapter tous les jours à la vie en officine.
Ce qui me motive c’est de réussir en tant que patron, en tant que pharmacien (être une référence pour le patient sur ses questions vis-à-vis de sa santé) et sur le plan économique aussi.
J’avais lu un article étant jeune où une phrase dite par un confrère m’avait marqué, le pharmacien est le seul docteur diplômé d’état qui sort d’une université d’une profession de santé qui est accessible TOUS LES JOURS pour le grand public !
Est-ce qu’actuellement vous recrutez du personnel ? Si oui, dites nous le ou les postes ouverts.
Oui, je recherche actuellement un(e) pharmacien(ne) adjoint(e).
Aux États-Unis et en Suisse (Pharmapro.fr est d’origine suisse), il y une ruée pour le médicament Ozempic utilisé souvent hors indication officielle (off-label) pour maigrir, en attendant le Wegovy spécialement indiqué contre l’obésité. Avez-vous aussi noté une augmentation des ordonnances pour l’Ozempic dans votre officine ?
Oui, mais je m’en suis rendu compte. J’ai pensé naïvement que le médicament étant une révolution, les médecins l’ont prescrit par rapport au gain sanitaire pure.
Le 06 mars 2023. Interview réalisée par e-mail en mars 2023 par l’équipe de Pharmapro.fr avec le Dr Lalanne Aroune. L’interview a été légèrement éditée pour en simplifier la lecture.
Vous êtes pharmacien titulaire en France et vous aimeriez être également interviewé ? N’hésitez pas à nous contacter.