Responsable RH du Groupe Carré Opéra qui est un Groupement de Pharmacies situées au cœur de Paris, Audrey De Oliveira a eu la gentillesse d’accorder la première interview publiée cette année 2024 sur le blog de Pharmapro.fr. Avec plus d’une vingtaine de profils recrutés à son compte sur tous les types de postes en officine, elle partage avec nous son expérience. Elle nous explique également la différence qu’il existe entre les attentes des candidats et le modèle économique des pharmacies, ce qui rend souvent difficile la recherche de nouveaux collaborateurs.
Pharmapro.fr – Bonjour ! Pourriez-vous vous présenter en quelques phrases ?
Je m’appelle Audrey De Oliveira, Responsable RH du Groupe Carré Opéra qui est un Groupement de Pharmacies situées au cœur de Paris.
Mon parcours est plutôt simple : J’ai fait un master 2 en Ressources Humaines à Toulouse en alternance. Ces 3 années d’apprentissage m’ont formée et préparée au monde du travail.
Depuis la fin de mes études j’ai occupé différents postes RH, pour Elior puis pour les Restaurants de la Tour Eiffel au sein du groupe Sodexo. C’est cette dernière expérience technique sur la gestion des équipes qui m’a amené à mon poste actuel dans le monde officinal.
Depuis combien de temps travaillez-vous dans le domaine de la gestion des ressources humaines et du recrutement de pharmaciens ?
Si on cumule mes 3 années d’apprentissage, cela fait maintenant 11 ans que je travaille dans le monde des ressources humaines. Durant la quasi-totalité de cette période, j’ai toujours privilégié des postes généralistes à défaut de choisir des spécialités, comme le recrutement. En revanche, depuis mon arrivée au sein du Groupe Carré Opéra, le recrutement fait partie intégrante de mes missions. J’ai d’ailleurs eu la chance de recruter un peu plus d’une vingtaine de profils, sur tous les types de postes, de rayonnismes à pharmacien-ne-s en passant par des hôtes-se-s de caisses et même des apprentis.
De manière générale, quelles sont les qualités essentielles et attendues que vous recherchez le plus souvent chez un « bon » pharmacien ?
Tout d’abord, je trouve que le terme « bon » pharmacien est un pléonasme. Dans notre vision du monde de l’officine, un pharmacien diplômé se doit forcément d’être un bon professionnel de santé. Ensuite, la motivation et l’expérience en font des professionnels experts dans certains domaines spécifiques et compétents pour aller en profondeur sur certaines questions techniques.
Dans cette optique, nous avons tendance à rechercher des professionnels investis et curieux pour les préparateurs comme pour les pharmaciens. Cette vision, nous la devons au fait que nous travaillons dans un milieu tourné vers la santé, le bien-être, l’autre.
Par ailleurs, nous avons fait l’exercice de nous tourner coté patient pour comprendre que la première chose recherchée quand on s’adresse à un pharmacien ou un préparateur, c’est le conseil et la personnalisation du suivi.
Quelles sont selon vous les principales difficultés rencontrées aujourd’hui dans le recrutement de pharmaciens et préparateurs ?
Je pense que la première difficulté rencontrée est la différence qu’il existe entre les attentes des candidats et le modèle économique des pharmacies.
Aujourd’hui, on se rend compte que les candidats recherchent avant tout un très bon salaire, un emploi du temps le moins contraignant possible, parfois avec très peu d’expérience. Ces attentes sont d’autant plus motivées par le coté libéral de la profession, exacerbées par le fait que depuis plusieurs années, on considère que le métier de pharmacien, au même titre que celui d’avocat ou de dentiste, est un métier qui permet de vivre aisément, sans contrainte.
Or, on oublie que le modèle économique des pharmacies, indépendamment de leur taille, leurs frais et leurs charges, n’a que très peu évolué durant les dernières années ; bien moins rapidement que la volonté des candidats.
Malgré tout, il faut garder en tête que le monde de l’officine est un secteur exigeant, qui demande de l’investissement mental et physique, avec des postures debout prolongées, des échanges parfois techniques avec les patients, une grande rigueur dans la façon d’exercer, tant au niveau du conseil qu’au niveau administratif.
Nous tenons bien évidement compte de ces contraintes lors de nos recrutements mais nous souhaitons garder en tête que malgré la profession réglementée, les professionnels doivent s’épanouir et remettre au centre de leurs priorités le patient ; c’est, il me semble, pour cela que l’on devient pharmacien.
Quels conseils pouvez-vous donner aux pharmacies qui souhaitent attirer et fidéliser de nouveaux adjoints et préparateurs ?
À mon niveau et cela va peut-être vous paraître bateau, je prône l’honnêteté et la transparence. Nous savons que le marché est aujourd’hui tendu mais il est contre-productif de promettre l’irréalisable en entretien ; cela n’apporte que frustration et déception.
Il faut également mener une réflexion sur les attentes des nouvelles générations et voir comment y répondre à notre niveau. Il faut aujourd’hui transformer les pharmacies en expérience humaine, tournée vers les autres, en aventure commune car à la différence des infirmières libérales, nous passons la plus grande partie de nos journées avec nos collègues de travail.
C’est en menant cette réflexion et en s’entraînant à parler de sa pharmacie en ces termes que les candidats peuvent être amenés à faire des compromis et à revoir leurs priorités.
Dernière chose. Chez Carré Opera, nous ne recrutons jamais par dépit. En effet, nous pensons que le recrutement de dernière minute, dans l’urgence, ne tient jamais et qu’un fort turn-over décrédibilise la pharmacie auprès de sa patientèle et la direction auprès de ses équipes.
Est-ce qu’actuellement vous recrutez du personnel ? Si oui, dites-le-nous ou les postes ouverts ?
Nous sommes actuellement en recherche d’un pharmacien en CDI à temps plein. Nous sommes par ailleurs toujours intéressés par un échange entre professionnels, dans une logique constante d’amélioration.
Le 09 janvier 2024. Interview réalisée par e-mail en décembre 2023 par l’équipe de Pharmapro.fr avec madame Audrey De Oliveira, Responsable RH du Groupe Carré Opéra. L’interview a été légèrement éditée pour en simplifier la lecture.
Vous êtes pharmacien titulaire en France et vous aimeriez être également interviewé ? N’hésitez pas à nous contacter.